Si tout le monde dans les hautes sphères politiques et médiatiques le fait… Pourquoi pas vous ? La réalité et les faits sont, à peu près, modulables à volonté et vous le savez. Alors, vous avez décidé d’arranger un peu votre C.V … Et de modifier un peu la vérité lors de la première prise de contact téléphonique…
Votre stage d’une semaine s’est transformé en « une immersion active dans la réalité du monde professionnel » et, dans votre vocabulaire, « faire des photocopies » revient à être « Assistant gestionnaire administratif junior ». Ah, et vous êtes bilingue en anglais, aussi. Obviously.
Après tout, vous êtes jeune et, même si vous manquez d’expérience, vous êtes persuadé de votre potentiel. Alors, autant bien se vendre, non ? On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Pas vrai ?
Et pourtant … Voilà maintenant l’heure de l’entretien. Et si le bluff peut être toléré par un recruteur intelligent, certaines choses ne passent pas …
MENTIR SUR VOS DIPLOMES
Tu te rappelles l’oral de français ? Où tu faisais croire que t’avais lu tout le livre ? Et que le prof te demandait de raconter la fin et que tu y allais au bluff en espérant un miracle ? C’est pareil.
Qui dit diplôme dit compétences précises (en général …). Un recruteur connaît bien l’ensemble des formations dispensées dans la plupart des établissements scolaires publics ou privés. Il est également plutôt calé sur les compétences que vous êtes sensés détenir au terme d’une formation. En vous faisant parler lors d’un entretien, un recruteur peut rapidement déterminer si vous êtes largué ou non, si vous maîtrisez le vocabulaire professionnel qui correspond à vos compétences ou pas …
Bref. Il connaît son métier. Et il verra que vous ne connaissez pas le vôtre.
Si vous passez quand même l’entretien et obtenez le job, sachez que, si votre employeur découvre que vous avez menti sur vos diplômes, vous pouvez être licensié pour faute et attaqué en justice.
Eh ouais, c’est plus l’oral de français, là.
INVENTER DES EXPERIENCES PRO
Une expérience professionnelle, ça se vérifie. Si un recruteur a le moindre doute, il peut demander vos anciennes fiches de paie ou même vous demander le nom de votre ancien supérieur. Et tenter de l’appeler.
Alors, ne prenez pas le risque !
VOUS FAIRE PASSER POUR UN BISOUNOURS
Vos jobs passés, ce n’était pas Disneyland. Votre patron n’était pas le grand Schtroumpf. Et vos anciens collègues et collaborateurs n’étaient pas des Teletubbies. N’ayez pas peur d’affirmer votre personnalité et de dévoiler une partie de vos réalités professionnelles. Vous pouvez même vous en servir. Parlez de vos anciennes expériences négatives (s’il y en a) en précisant ce que vous avez réussi à en retenir de positif et ce qu’elles vous ont permis de changer dans votre perception du travail. Parlez de la façon que vous avez eue de gérer d’éventuels conflits ou désaccords. Le monde professionnel n’est pas tout rose et les recruteurs le savent. Surprenez-les en leur montrant que vous savez faire avec. Et que vous le faîtes bien !
Attention, il n’est pas toujours facile de devenir autonome du jour au lendemain. Mais l’espace de liberté se mérite…
DEFORMER VOTRE VIE PRIVEE
Attention. Par définition, la vie privée est privée. Mais votre mur Facebook, ce n’est pas votre vie privée. Et un recruteur, sous son costume cravate, est un être humain curieux (comme les autres) qui dispose d’un ordinateur. En bref, soyez conscients de l’image publique que vous affichez sur les réseaux sociaux et veillez à ce que votre image professionnelle soit alignée sur celle-ci. Bien sûr, il est plutôt recommandé de ne rien dire sur sa vie privée en entretien. Mais si jamais vous acceptez de répondre à des questions, ne mentez pas maladroitement. Et le mensonge marche dans les deux sens: Les entreprises sont de plus en plus à la recherche de fortes personnalités et d’identités marquées. Surtout dans les secteurs de l’innovation, de la communication et des nouvelles technologies. N’ayez pas peur d’afficher vos centres d’intérêts (même si c’est binge watcher sur Netflix) et vos passions. Vous n’êtes pas un robot.
Regretter toute sa vie de ne pas avoir fait un truc cool ? Sérieux ? Allez, New-York…!
EN FAIRE TROP SUR VOTRE MOTIVATION
J’ai un ami qui a raté son entretien d’équipier chez KFC parce-qu’il a dit que ce job était « une opportunité professionnelle inespérée ». Ne faîtes pas comme lui. Bien sûr, n’allez pas dire que vous voulez le job parce-que vous avez besoin de thunes … Mais il y a un juste milieu. Adaptez-vous. Ne soyez pas trop lèche-bottes. Et ne soyez pas trop cyniques. Allez chercher du côté de l’accomplissement de soi (pour des gros postes) ou du besoin d’être actif et autonome (pour des jobs plus courants et ponctuels). Mais n’en faîtes jamais trop. Surtout, ne faîtes jamais semblant d’adhérer aux valeurs d’une entreprise. Restez fidèle à vous-même. Assumer, au quotidien, un travail en désaccord avec nos convictions profondes, c’est une souffrance.
FAIRE CROIRE QUE VOUS ETES PARFAIT
Vous êtes (aussi) au travail pour apprendre. Pour vous adapter et vous remettre en question. Vous devez en être conscient. Et le recruteur doit le voir. Vous pouvez évoluer et vous n’êtes pas fini. Vous devez pouvoir grandir au sein de l’entreprise. C’est aussi ça votre force et votre apport à l’entreprise.
Mettez vous en valeur, soyez sûrs de vous. Mais quand on vous demande votre plus grand défaut … Pitié … ne dîtes pas « perfectionniste » …
BLUFFER SUR VOS COMPETENCES
On sait, tu parles 4 langues (dont l’elfique et la langue de feu), tu maîtrises toute la suite Adobe, tu sais travailler le bois, chanter l’opéra, faire 450 jongles les yeux fermés et tu as déjà fait 3 fois le tour du Monde … Evidemment.
La plupart des offres d’emploi demandent de plus en plus de polyvalence. Il est donc très tentant d’arrondir un peu les angles en s’inventant les compétences ou des expériences qui nous manquent. Mais n’oubliez pas qu’une fois sur le terrain, vous aurez tout à perdre en ayant menti. Et pas le temps de mater des tutos entre deux réunions. Mieux vaut rester humble et assumer vos lacunes. Les recruteurs savent que le profil parfait n’existe pas. Mais si vous êtes sincères, vous pourrez être formés et apprendre dans les domaines que vous ne maîtrisez pas parfaitement. C’est tout bénef.
NIER UN LICENCIEMENT OU DU CHOMAGE
Les recruteurs sont conscients des réalités économiques actuelles. Ils ont également eu votre âge. Et peut-être même que 2 ans avant cet entretien avec vous, ils pointaient chez Pôle Emploi. Tout le monde connaît des passages à vide professionnels. Il ne faut pas les masquer. Au contraire, valorisez votre détermination à retrouver un emploi ou, dans le cas d’un licenciement, les enseignements que vous avez tirés de cette expérience désagréable. Soyez sincères et sages.
Bien sûr, inutile de donner trop de détails si vous avez été virés pour faute … On se comprend.
VOUS RENDRE PLUS DISPONIBLES QUE VOUS N’ETES
Evitez de mentir sur votre lieu de vie. Lorsque vous êtes engagés, vous devez arriver à l’heure. Personne ne comprendra le prétendu retard de votre RER si vous avez affirmé habiter à 5 stations de métro de votre boulot. Encore pire, votre patron vous regardera d’un sale oeil si vous partez plus tôt le soir pour faire 1h30 de transport en commun alors que vous aviez dit être véhiculé.
Il est tout à fait possible, lors d’un entretien, de dire que vous êtes mobile et prêt à déménager près de votre lieu de travail, si besoin.
La plupart des mensonges semblent être de bons investissements, en entretien. Mais, à y réfléchir, ce sont plus souvent des bombes à retardement qui explosent une fois le job décroché.
Alors, soyez prudents, mes petits Pinocchio. Et soyez de vrais petits professionnels.