Peut-on prédire des comportements suicidaires grâce à l’intelligence artificielle ? C’est possible, en identifiant certains indicateurs de santé qui prédisent avec précision les comportements suicidaires des étudiants.
Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Alors, pour permettre une prise en charge adéquate, il est nécessaire de savoir détecter les comportements suicidaires.
C’est avec cet objectif que les chercheurs de l’Inserm et de l’université de Bordeaux, en collaboration avec les universités de Montréal et McGill au Québec, ont développé un algorithme permettant d’identifier les principaux facteurs prédictifs des comportements suicidaires parmi une population étudiante.
(Re)connaître les facteurs de risques
Certains facteurs déjà connus exposent les étudiants au risque de comportement suicidaire : le passage du lycée à l’université, l’augmentation de la charge de travail, l’augmentation du stress psycho-social et des pressions sociales et l’adaptation à un nouvel environnement.
En plus de ces facteurs connus, les chercheurs ont été capables d’identifier 70 facteurs prédictifs potentiels qui ont une influence sur les risques suicidaires. La méthode de l’apprentissage automatique (forme d’intelligence artificielle) utilisée par les chercheurs a ensuite permis de classer ces facteurs prédictifs selon leur importance dans la prédiction des comportements suicidaires des étudiants.
En haut de la liste, on retrouve les pensées suicidaires, l’anxiété, les symptômes de dépression et l’estime de soi. Ces quatre facteurs permettraient de détecter environ 80 % des comportements suicidaires.
Comprendre pour mieux intervenir
L’étude a été menée auprès de 5 066 étudiants entre 2013 et 2019. Les participants ont répondu à deux questionnaires en lignes détaillés, à un an d’intervalle. Ces questionnaires servaient à renseigner les chercheurs sur la santé mentale des étudiants, leur consommation de drogue et d’alcool, leurs antécédents médicaux et psychiatrique et leur état psychique.
En tout, ce sont 17 % des répondants qui ont présenté des comportements suicidaires au cours de l’année de leur participation. Connaître les facteurs prédictifs potentiels pourrait ainsi permettre de prendre en charge rapidement les personnes exposées au risque de comportement suicidaire.
« Ces travaux demandent confirmation mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque de suicide pour les orienter vers une prise en charge adéquate », explique Christophe Tzourio, coordinateur de l’étude.
Pour les anglophones, vous pouvez consulter les résultats de l’étude sur le site de la revue Scientific Reports.