J. Robert Oppenheimer, un brillant scientifique américain, devient directeur du projet Manhattan quand, en 1942, une course à l’armement nucléaire s’initie avec l’Allemagne. Son objectif : concevoir une bombe assez puissante pour mettre fin à la guerre…
Christopher Nolan revient, trois ans après le décevant car trop cryptique Tenet et raconte l’histoire de J. Robert Oppenheimer, surnommé le père de bombe atomique. Un film en forme de puissante mise en garde, aussi impressionnant au niveau du fond que de la forme.
Big Boom Theory
Porté par la performance de Cillian Murphy, absolument saisissant (l’acteur étant superbement épaulé par un casting 5 étoiles comprenant notamment Robert Downey Jr., Emily Blunt ou Matt Damon), Oppenheimer est un film somme qui ne prend jamais de raccourci. D’où sa durée (3 heures). Un blockbuster qui fait office d’exception à l’heure des spectacles plus légers, focalisé sur une histoire qui résonne avec pertinence dans le contexte actuel. Car au fond, là est l’exploit qu’a visiblement accompli Christopher Nolan : inciter le très grand public à se ruer en salle pour voir un long métrage sur un scientifique responsable de la mise au point de la bombe atomique à l’heure où la guerre en Ukraine a réveillé les anciennes peurs de la Guerre Froide.
Leçon d’histoire
Habité par un propos central en forme de mise en garde contre l’arme nucléaire, Oppenheimer est aussi un grand film politique qui ne se prive pas de fustiger avec virulence la politique des États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale (en abordant la tristement célèbre chasse aux sorcières). Le tout en restant focalisé sur un homme passionnant car torturé entre son ambition, ses objectifs et sa morale.
Superbement réalisé, entièrement tourné en IMAX, comprenant la reconstitution d’une explosion atomique sans images de synthèse, magnifiquement écrit, découpé, monté et doté d’une musique éblouissante, Oppenheimer est un authentique chef-d’œuvre. Un film important car en phase avec son époque, qui ne cherche pas à flatter le public mais plutôt à le faire réfléchir. Le plus impressionnant et que s’il ne simplifie pas son propos, Christopher Nolan parvient sans cesse à captiver, dans la marge, en opposition avec les canons trop vulgaires du cinéma américain destiné aux multiplexes. En résulte une œuvre indispensable, à la beauté sombre et pénétrante, dont les images, surtout la dernière d’ailleurs, restent longtemps en mémoire.
Image : Universal Pictures/Syncopy/Atlas Entertainment