Première console de sixième génération, la Dreamcast a aussi été la dernière produite par Sega. Considérée comme un échec commercial, elle a néanmoins laissée sa marque dans l’histoire du jeu vidéo.
Principale concurrente de la Playstation 2, de la GameCube et de la Xbox, la Dreamcast a plongé Sega dans un gouffre. La marque japonaise qui a d’ailleurs par la suite décidé de stopper la production de consoles. La Dreamcast qui s’est pourtant imposée comme l’une des meilleures et des plus innovantes machines de son époque. Voici son histoire…
Après la Saturn
Sega est encore sous le coup de l’échec relatif de la Saturn quand les travaux préliminaires de la Dreamcast débutent. La firme reste néanmoins prudente. Si la Saturn avait nécessité l’utilisation d’éléments complexes et sur-mesure, la Dreamcast fait appel à des pièces standardisées et donc moins chères.
Sega opte aussi pour le format GD-ROM, soit un bon compromis entre l’ancien CD-ROM et le DVD-ROM, plus moderne mais plus onéreux. Autre innovation de taille : la Dreamcast est la première console à embarquer un modem. Elle peut donc se connecter à Internet et autorise le jeu en ligne mais aussi la navigation.
La manette est aussi assez dingue en cela qu’elle inclut un port destiné à accueillir un petit écran LCD qui peut afficher des informations de jeu mais elle peut aussi être utilisée en tant que console portable, comme la Game Boy de Nintendo. Autre nouveauté concernant la manette : celle-ci est dotée d’une sortie audio.
Un lancement en demi-teinte
Console de la dernière chance, la Dreamcast voit le jour le 27 novembre 1998 au Japon. Une nouvelle fois, Sega joue de malchance et est incapable d’honorer toutes les commandes. Au début très demandée, la Dreamcast perd rapidement de la vitesse à cause de problèmes de logistique mais aussi car certains jeux annoncés ne sont pas disponibles comme prévu au moment du lancement. Des jeux comme Sonic Adventure et Sega Rally Championship 2. Néanmoins, Sega écoule 900 000 consoles en seulement 3 mois.
Les pontes de Sega espéraient vendre plus d’un million de consoles. Le refus d’Electronic Arts, qui pour rappel, est l’éditeur incontournable de jeux de sports, de développer des jeux sur la console est un autre coup dur lourd de conséquences pour la suite.
Cela dit, aux États-Unis, la Dreamcast fait un carton pour son lancement. Dès le 9 septembre 1999, elle s’écoule à 225 123 exemplaires en seulement 24 heures. Sega vend plus d’un demi-million de machines en deux semaines. Le million est dépassé le 4 novembre. Pour autant, en usine, un problème sur la chaîne de fabrication provoque la mise sur le marché de GD-ROMS défectueux. Un événement une fois encore annonciateur d’un destin plutôt compliqué pour la Dreamcast.
En Europe, la Dreamcast arrive le 14 octobre 1999. Disponible pour environ 260 €, elle fait l’objet d’un puissant plébiscite. Sega atteint les 500 000 consoles vendues avec 6 mois d’avance sur les prévisions. Tout va bien en Europe pour Sega, qui passe même devant Nintendo et sa Nintendo64.
La Dreamcast face à la concurrence
Dès janvier 2000, les ventes de la Dreamcast accusent un coup d’arrêt. Paradoxalement, malgré les excellents chiffres réalisés aux États-Unis et en Europe, Sega est en difficulté. Sony grappille de plus en plus de terrain en devenant le principal pourvoyeur de consoles pour les amateurs de jeux vidéos. Dans le même temps, le déclin des bornes d’arcade contraint Sega, très présent sur ce marché, à fermer 246 salles au Japon.
Sega tente le tout pour le tout, lance une plate-forme en ligne dédiée et baisse le prix de la Dreamcast sans parvenir à atteindre un chiffre d’affaire qui aurait pu lui permettre de rester à flot. La Playstation 2 fait un carton et Microsoft débarque avec sa puissante Xbox. Sega est à la traîne. Le 31 janvier 2001, Sega annonce que la production de la Dreamcast sera stoppée le 30 mars de la même année. La firme est alors décidée à se consacrer exclusivement au développement de jeux pour tous les supports existants.
Au final, la Dreamcast, bien qu’excellente sur de nombreux points, a joué de malchance. Confrontée à la machine Sony, qui a réalisé un impressionnant battage publicitaire pour la Playstation 2, elle a aussi dû gérer l’abandon d’Electronic Arts, tout en peinant à se vendre à cause d’un marketing jugé trop faible. Enfin, certains spécialistes ont aussi souligné qu’avec la Dreamcast, Sega avait quelque peu délaissé les consommateurs de base pour surtout cibler les gamers chevronnés qui au final, ont été trop peu nombreux pour assurer la pérennité de la machine et de la marque.
Dreamcast résurrection
Délaissée par Sega, la Dreamcast a toujours eu des fans très dévoués. Fait étonnant, certains éditeurs indépendants ont continué à développer des jeux après l’arrêt de la production. Bien sûr, de nombreux émulateurs ont été créés pour permettre aux anciens et aux nouveaux joueurs de goûter aux joies de la Dreamcast.
Aujourd’hui, la machine d’origine est même étonnamment chère dans les magasins de seconde main. S’il est possible de s’équiper d’une Wii en bon état, pour moins de 50 €, la Dreamcast est généralement proposée à plus de 100 €. La Wii étant pourtant plus récente ! Il est donc indéniable que la Dreamcast bénéficie d’un statut véritablement à part !
Le catalogue de la Dreamcast
De l’avis (presque) général, la Dreamcast possède l’un des meilleurs catalogues de jeux de l’histoire. Les programmateurs qui ont travaillé sur la machine ont fait preuve d’une créativité remarquable pour offrir aux gamers des jeux aussi novateurs qu’immersifs, mettant l’accent sur l’expérience.
Parmi les meilleurs jeux, on peut notamment citer les étonnants Shenmue 1 et 2, SoulCalibur forcément, Jet Set Radio, les incontournables Sonic Adventure 1 et 2, le frénétique Crazy Taxi, Resident Evil : Code Veronica, Virtua Tennis, Phantasy Star Online, ChuChu Rocket !, Marvel vs. Capcom 1 : New Age of Heroes, et bien sûr The House of the Dead 2 et Dead or Alive 2.
Autant de titres cultes aujourd’hui vénérés par des joueurs qui gardent tous une place à part dans leur cœur pour cette bonne vieille Dreamcast.
Retrouvez les épisodes précédents de notre dossier consacré au retro-gaming :